Dans ma p’tite fabrique, il y a cette odeur si particulière…
Dans ma p’tite fabrique, il y a ce doux désordre qui me caractérise…
Dans ma p’tite fabrique, il y a ma réserve à idées… Une GRANDE réserve !
Dans ma p’tite fabrique, il y a mon établi, surmonté de la pierre de mon grand père. Cette pierre douce et fraîche sur laquelle »mes envies prennent vie »…
Et bien sûr, dans ma p’tite fabrique, il y a des peaux, et du cuir…
« Travailler le cuir »… Quelle drôle d’expression ! Comme si le cuir pouvait se »travailler »…
»Travailler pour le cuir » serait plus approprié.
C’est toujours émouvant de toucher une peau, d’imaginer sa vie, la vie de l’animal qu’elle a protégé… De voir les traces laissées à sa surfaces par les accidents, et par le temps. Les rides et les cicatrices racontent tellement de choses ! Elles n’ont pas toujours bonne presse et sont souvent assimilées à des »défauts ». Moi je les traque comme des pépites. C’est ce que raconte la Vie qui motive mes projets. Les stigmates de ses épreuves sont mon inspiration. Mon plaisir, c’est la deuxième Vie que va faire naître mon »travail ». Mais on ne »travaille » pas le cuir, on le valorise. Le cuir n’a pas besoin d’être travaillé. Il EST. Il nous met au travail… Un travail de lecture dans les sillons de son épiderme. Faire connaissance avec cet animal, comprendre qui il était à travers sa peau. Sa douceur, sa rudesse, sa souplesse ou sa raideur. Tout l’art de l’artisan réside là : sublimer cette rencontre.
Rendre hommage à l’animal.
Mettre la Vie au service de la Vie.
S’imprégner d’une rencontre
et concevoir un objet qui a le sens de l’Autre.
Un objet personnalisé. Presque personnifié.
Je vous propose une petite visite guidée au cœur de mon dernier »travail » de conception.
Tout commence donc par une Rencontre, une personnalité, une âme qu’il faut sonder, pour en comprendre le coeur.
Une commande, c’est avant tout celà : se mettre au service de ce qu’EST l’Autre. Qui ?
Puis il y l’objet. La projection fonctionnelle. La description impersonnelle, pas toujours précise. Quoi ?
Et on se sépare…
Vient alors ce temps plus ou moins long, souvent inconfortable, de réflexion, de conception en images mentales. Sorte d’introspection technique. Comment ?
Comment ajuster la technique à une personne ? C’est là que réside le plus grand défi : Faire du geste technique un objet unique, personnalisé, idéal pour un seul Etre.
Alors je dessine. Je mets en couleurs, j’invente. J’écris.
Puis je trace sur du carton à bouteilles quelques gabarits pour vérifier les dimensions, expérimenter les volumes, les montages, les fonctionnalités.
Et je trace encore. Je précise, j’ajuste, je vérifie encore et encore.
Les bouts de carton aux formes improbables se multiplient. Comme des pièces de puzzle, elles ont chacune une place bien déterminée.
L’inconfort se dissipe et laisse place au plaisir.
La jouissance de la création !
Dans ma p’tite fabrique, tout se passe dans cet espace charnel de Peau à Peau, dans cet échange authentique de Coeur à Coeur. Comme une mélodie qui s’improvise sur des harmonies inédites.
Je n’oublie jamais d’honorer l’animal. Sa peau en seconde Vie, pour l’âme d’un homme, d’une femme, d’un enfant, dans son unicité, à travers mes mains.
Je touche, je regarde, j’imagine, je teste…
J’assemble, je couds, je mets en forme.
Je personnalise…
J’accueille… les traces à la surface de la peau ; les imperfections, les irrégularités.
J’accueille ce que je comprends du »destinataire ».
J’accueille mes propres doutes, mes résistances, mes erreurs…
Et je laisse opérer la magie…
Lundi, c’est la Rentrée. Il n’y a pas de meilleur jour pour vous faire découvrir l’article abouti ! Patience…
A très bientôt. 🙂